Du massacre du printemps
Symphonie pour tronçonneuses en scie sans bémol mineur
Pour changer un peu du Chemin de la Haillette où s'installent les épaves de voitures, où de jeunes écervelés casqués font du rodéo à moto dans les champs où lève le blé, où les ornières sont tellement profondes que l'on pourrait s'y noyer, j'ai privilégié une promenade au bord de la rivière.
Quelle est ingrate la période de l'avant-printemps ! Ce moment où la neige ne recouvre plus la nature et où celle-ci n'a pas encore revêtu ses habits verts qui nous feront presque oublier les canettes et bouteilles jetées n'importe comment, les sacs plastique accrochés aux arbres qui mettront 400 ans à se dégrader...
La crue de l'hiver n'a rien arrangé ! De nombreux saules, trop penchés, se sont tout simplement effondrés, quelques racines s'accrochant désespérément à la berge, et emprisonnent les monceaux d'ordures charriés par la rivière.
Des saules pleureurs n'ont plus de larmes car elles sont allées grossir les eaux de la Marne sous les assauts d'une tronçonneuse.
L'un ressemble à une Vénus de Milo sans tête, l'autre tend vers le ciel ses moignons torturés.
Tout au long du chemin de halage, les branches, victimes des premiers élagages, forment un tapis dangereux si un enfant, ou un adulte, n'y prend pas garde et s'approche trop près de la rivière.
Cela n'empêche pas cependant les rameurs, déjouant les pièges des objets flottants non identifiables (OFNI), de s'entraîner sous le soleil de cette froide journée de fin d'hiver.
Et si l'on organisait une journée de nettoyage de nos chemins de promenade ?
Publié le 3 mars 2011